Les chatons, espèce nidicole, dépendent entièrement des soins maternels pour leur survie et développement social. Un sevrage précoce peut entraîner des troubles comportementaux. Attendre que le chaton ait au minimum 3 mois pour l’adopter favorise un équilibre émotionnel et social optimal.
Au contraire d’autres espèces nidifuges (qui quittent le « nid »), le chat est une espèce nidicole (qui reste au « nid »). C’est à dire que les petits ne sont absolument pas autonomes à leur naissance. Leur survie dépend des soins maternels qui leur sont apportés. Pour des chatons nouveau-nés, le rôle de la mère est essentiel. Elle les nourrit, stimule leurs éliminations urinaires et fécales, leur apporte la chaleur et le sentiment de sécurité nécessaire à leur développement, par sa présence, son odeur, ses léchages, ses soins divers.
L’attachement maternel qui s’établit durant les premières semaines de vie des chatons permet également aux petits de se forger une identité sociale et sexuelle qui leur permettra notamment d’user et de comprendre les codes sociaux propres à l’espèce. Cette phase de socialisation primaire est primordiale pour le développement du chaton.
Une fois le sevrage alimentaire réalisé, à partir du deuxième mois, la mère continue à donner une éducation sociale à ses petits en leur permettant de faire différents apprentissages essentiels à leur manière de se comporter : contrôle des morsures et griffures durant les jeux, initiation à la chasse et capture de proies, etc. Les apprentissages se font également au sein de la fratrie et seront utiles toute la vie durant. De ce fait, quelque que soit l’espèce animale, un sevrage précoce à de multiples effets délétères sur le petit, qui peut en garder des séquelles développementales et comportementales toute sa vie durant.
Différentes études scientifiques ont montré l’importance extrême d’évoluer dans un milieu sécure : pour que le petit se sente suffisamment en sécurité pour aller explorer son environnement, faire des rencontres et tisser des liens sociaux, il faut qu’il ait pu tisser un attachement sécure à un adulte référent, qui lui a prodigué des soins et l’a rassuré par sa présence affective. Il faut avoir eu une base sécure pour ne pas avoir peur de la quitter pour partir en exploration, sachant qu’on va la retrouver au retour. Un sevrage précoce peut donc avoir comme premier effet d’avoir un individu insécure, qui aura peur de tout, cherchera à se cacher pour se soustraire au regard ou à la caresse, ne saura pas se comporter avec ses congénères ou avec un humain. Il aura un seuil de tolérance et un niveau d’adaptabilité assez bas, pouvant user de comportements agonistiques pour rétablir la distance de sécurité dont il aura besoin car il n’aura pas eu l’occasion de développer des compétences psycho-sociales, c’est-à-dire émotionnelles et relationnelles.
Ainsi, vous aurez davantage de chances d’avoir un chat « bien dans ses patounes et dans sa tête » si vous avez eu la patience d’attendre que votre chaton ait au moins 3 mois – plutôt que 2 – avant de le séparer de sa mère et de sa fratrie. Les pratiques habituelles méritent d’évoluer.