Il est bien connu que les chiens ont un odorat bien plus développé que le nôtre, que les insectes perçoivent les rayons ultraviolets, que les oiseaux migrateurs se dirigent grâce au champ magnétique terrestre, que les chats ont une bonne vision nocturne, etc. Il serait erroné de penser que toutes les espèces perçoivent les choses de la même manière que la nôtre, puisque les sens et les capacités sensorielles de chacune sont différents.
Cependant, les personnes s’interrogent rarement sur la manière dont leur propre animal perçoit le monde et s’en fait une représentation. Pourtant, la perception influe sur le comportement, donc sur la relation à l’autre, qu’elle soit intra ou inter espèce.
Autrement dit, si l’on commence par s’interroger sur le « Pourquoi » d’un comportement, le pourquoi un animal fait ce qu’il fait, avec la volonté de le comprendre avec exactitude, il faut nécessairement se poser la question préalable du « Comment » voit-il le monde ?
Pour cela, laissons-nous guider par les travaux du biologiste Jacob Von Uexküll, publiés à Hambourg en 1934 et traduits en 1956 sous le nom de « Mondes animaux et monde humain* ».
Ils donnent à voir que chaque espèce animale, mais aussi chaque individu a un « Umwelt ». Ce terme peut être traduit par « Environnement sensoriel » ou « Monde propre », qui est la définition utilisée en Français.
Le concept d‘Umwelt a été introduit en éthologie pour décrire le caractère déterminé des stimuli environnementaux auxquels un animal réagit. Ce qui est signifiant pour l’un (mouvement, couleurs, bruits, odeurs) n’existe parfois pas du tout dans le monde de l’autre.
Par exemple, si je passe devant la carte d’un restaurant en ayant vraiment faim, il y a de fortes chances que j’entre dans ce restaurant, alors que si je passe devant cette même carte en ayant déjà déjeuné, je ne serais probablement pas tentée.
Ce même exemple me permet de vous faire observer que, non seulement la manière de percevoir le monde est propre à chaque espèce, mais aussi à chaque individu, et qu’en plus, elle varie selon les circonstances, c’est-à-dire selon l’état perceptif du moment !
Ainsi, des organismes, bien que partageant le même environnement peuvent avoir l’expérience de différents « mondes propres ». Pour en revenir aux chats, leur « Monde propre » est surtout affaire d’odeurs, de sons et de mouvements. Le prendre en compte permet de guider notre relation à eux et d’en améliorer la qualité.
Nul doute qu’enrichir leur milieu de vie en créant un « chemin de croquette » dans la maison va flatter leur odorat, constituer un divertissement intéressant et les occuper en notre absence, pour peu que vous ayez affaire à des individus stimulés par l’alimentation. La stimulation olfactive peut prendre parfois des voies plus étonnantes pour nous, quand on a un chat qui apprécie de se rouler sur nos chaussures ou d’enfouir le museau dans nos aisselles : odeurs malodorantes pour nous et affriolantes pour lui !
Attirer l’attention de son chat est également plus facile en produisant des bruits de grattements, des sons de petits couinements, tels que le feraient ses proies favorites, plutôt que de l’appeler de manière répétée à voix haute. Pour l’inciter au jeu, il vaut mieux utiliser un jouet de style canne à pêche qui, en plus d’avoir l’avantage de nous protéger de griffures ou morsures éventuelles, nous permet de le manipuler de manière rapide et précise, pour aiguiser son instinct de chasseur de mouches ou de souris. Le chat ayant une vision des couleurs proche de celle des daltoniens, il ne perçoit que les couleurs allant d’une gamme du jaune au bleu, en passant par le vert. Ainsi, la « proie » fixée à l’extrémité du jouet canne à pêche de votre chat lui apparaîtra comme indépendante du bâton si le lien est de couleur rouge, couleur qu’il ne perçoit pas.
* Mondes animaux et monde humain, Jacob Von Uexküll, Edition Pocket, Collection Agora, paru le 24/11/2004